La biodiversité en déclin, un défi mondial

Le dernier rapport de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) – un organe intergouvernemental inspiré par le GIEC – est un avertissement mondial concernant l’accélération de l’extinction des espèces. Les données proviennent d’une évaluation des écosystèmes des cinquante dernières années (Millenium Ecosystem Assessment, 2005) et sont expliquées par 145 experts (soutenus par 310 autres experts) de 50 pays (15 000 références scientifiques et connaissances autochtones). Ce rapport permet de comprendre le lien entre les transformations des milieux naturel et humain.

Selon ce rapport (IPBES, 2019), un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction, ce qui entraîne des impacts plus importants sur les humains en raison de la perte de qualité des écosystèmes. « L’abondance moyenne des espèces indigènes dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 %, surtout depuis 1900. Plus de 40% des espèces d’amphibiens, près de 33% des coraux formant des récifs et plus d’un tiers des mammifères marins sont menacés. Le tableau est moins clair pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles appuient une estimation provisoire de 10 % des espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont été poussées à l’extinction depuis le 16ème siècle et plus de 9% de toutes les races domestiques de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture ont disparu d’ici 2016, avec au moins 1.000 autres races encore menacées. »

Cela provoque des impacts en termes d’accès aux ressources, notamment alimentaires, de sorte que les objectifs de développement durable ne peuvent être atteints en termes de pauvreté, faim, santé, eau, villes, climat, océans et sols. Les facteurs de dégradation, selon les auteurs du rapport, sont : les changements d’utilisation des terres et de la mer, l’exploitation directe des organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes. Les facteurs indirects sont liés à la croissance démographique et à la consommation par habitant, aux innovations technologiques et aux formes de gouvernance. « La reconnaissance des connaissances, des innovations et des pratiques, des institutions et des valeurs des peuples autochtones et des communautés locales ainsi que leur inclusion et leur participation à la gouvernance environnementale améliorent souvent leur qualité de vie, tout comme la conservation, la restauration et l’utilisation durable de la nature. « 

Le rapport préconise une transformation multi-échelle au niveau de l’ensemble du système (dimensions technologique, politique, économique et sociale) afin de résoudre ces problèmes. L’idée est d’adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles entre les systèmes alimentaires, énergétiques, hydriques, de conservation de la biodiversité et de développement urbain.

F. G.

  • Rapports:
  • https://www.dropbox.com/sh/yd8l2v0u4jqptp3/AAACtf6ctsoUQ9hlPQxLpVsKa?dl=0

« La nature rend possible le développement humain, mais notre demande incessante pour les ressources de la terre accélère les taux d’extinction et dévaste les écosystèmes de la planète. UN Environment est fier d’appuyer le Rapport d’évaluation mondiale produit par la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques parce qu’il souligne la nécessité cruciale d’intégrer les considérations relatives à la biodiversité dans la prise de décision mondiale sur tout secteur ou défi, que ce soit l’eau ou l’agriculture, les infrastructures ou les entreprises « .

– Joyce Msuya, Chef par intérim, ONU Environnement

“Across cultures, humans inherently value nature. The magic of seeing fireflies flickering long into the night is immense. We draw energy and nutrients from nature. We find sources of food, medicine, livelihoods and innovation in nature. Our well-being fundamentally depends on nature. Our efforts to conserve biodiversity and ecosystems must be underpinned by the best science that humanity can produce. This is why the scientific evidence compiled in this IPBES Global Assessment is so important. It will help us build a stronger foundation for shaping the post 2020 global biodiversity framework: the ‘New Deal for Nature and People’; and for achieving the SDGs.”

– Achim Steiner, Administrateur, Programme des Nations Unies pour le développement

« Ce rapport essentiel rappelle à chacun d’entre nous la vérité évidente : les générations présentes ont la responsabilité de léguer aux générations futures une planète qui n’est pas irréversiblement endommagée par les activités humaines. Nos connaissances locales, autochtones et scientifiques prouvent que nous avons des solutions et donc plus d’excuses : nous devons vivre autrement sur terre. L’UNESCO s’est engagée à promouvoir le respect du vivant et de sa diversité, la solidarité écologique avec les autres espèces vivantes, et à établir des liens nouveaux, équitables et globaux de partenariat et de solidarité intragénérationnelle, pour la pérennité de l’humanité. ».

– Audrey Azoulay, Directrice générale, UNESCO

« L’évaluation globale de la biodiversité et des services écosystémiques ajoute un élément majeur à l’ensemble des preuves de l’importance de la biodiversité dans les efforts visant à atteindre l’objectif de la faim zéro et les objectifs du développement durable. Ensemble, les évaluations entreprises par l’IPBES, la FAO, la CDB et d’autres organisations soulignent le besoin urgent d’agir pour mieux conserver et utiliser durablement la biodiversité et l’importance d’une collaboration intersectorielle et multidisciplinaire entre les décideurs et autres parties prenantes à tous les niveaux.

José Graziano da Silva, Directeur général, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture